Lucile Derly, ou Blood’Up au secours des médecins
Publié le 7/04/2025
Lucile Derly, ou Blood’Up au secours des médecins
Publié le 7/04/2025
Diplômée de NEOMA, mais aussi ingénieure, Lucile Derly est aujourd’hui à la tête d’une startup de la MedTech, Arterya. Sa société développe Blood’Up, un dispositif qui permet aux médecins de détecter les artères au moment d’un prélèvement. Ce geste médical, pourtant anodin, fait souffrir les patients, il fallait trouver une solution. Lucile Derly raconte le process d’innovation.
En quoi votre produit est-il innovant ? Blood’Up est une technologie qui permet de cartographier le poignet, d’indiquer la position de l’artère et ainsi d’aider les soignants à piquer facilement au bon endroit. À date, sur le marché, ça n’existe pas. On sait que les Américains cherchent, que les Japonais testent des solutions, mais elles ne sont pas probantes. Si on ne trouve pas, on utilise un appareil échographique mais il n’est pas fait pour ça initialement.
Comment nait l’idée ? Elle nait durant mon alternance chez Sanofi. Un médecin que je connais me sollicite pour résoudre un problème qu’il rencontre : tous les jours, il doit piquer dans les artères de ses patients, mais le geste est compliqué. Je suis ingénieure, il pense que je peux trouver une solution technique pour l’aider. Ensuite, j’ai vérifié qu’il y avait un vrai problème, et une fois que je l’avais compris, j’ai imaginé un produit.
Comment une bonne idée devient-elle une entreprise ? Avant de lancer notre boîte, nous avons interrogé 150 médecins pour nous assurer qu’il y avait un véritable besoin. C’est très important : 95% des startups coulent, ou du moins ne passent pas à la barre des 5 ans, parce que soit le produit ne répond pas à un réel besoin, soit il arrive trop tôt sur le marché. Il faut vraiment se poser la question s’il va être utile.
Et nous avons continué. Tous les deux mois, on teste notre produit auprès d’un pool de médecins, on leur demande ce qu’ils en pensent, et on l’améliore. C’est le test and learn aussi un peu à l’américaine, où l’échec n’est pas grave.
Comment le projet d’une entreprise se concrétise ? Quels sont les leviers ? Une fois que j’ai imaginé un premier projet, j’ai postulé à un concours organisé par Sanofi. Sans trop y croire. Ce premier concours m’a permis non seulement de découvrir le monde de l’entreprise, mais il m’a aussi obligée à me challenger, à sortir des données, à coucher mes idées sur papier. On cherche à être la meilleure, et pour ça, il faut se surpasser. Ça oblige aussi à se poser, à réfléchir, à avoir une stratégie. La réussite à ce concours apporte ensuite de la crédibilité, et de l’argent pour développer le projet.
Comment NEOMA vous a aidée à concrétiser cette idée ? Quand j’ai eu fini mes études, j’ai voulu continuer dans cette voie, j’ai postulé à l’incubateur de NEOMA parce que je ne connais pas grand-chose à l’entrepreneuriat. Avec l’incubateur, nous sommes allés à San Francisco pour découvrir le monde entrepreneurial. C’était incroyable. C’était une immersion dans la Silicon Valley, dans l’état d’esprit de jeunes entreprises. Soudain, j’avais des structures inspirantes, des modèles, j’ai pu me dire « monter une boîte, ça ressemble à ça », « voilà les pièges à éviter », ça a été une sacrée opportunité. De manière générale, l’incubateur m’a beaucoup accompagnée, il m’a permis de ne pas partir dans tous les sens, de construire un plan de trésorerie alors que je ne savais pas ce que c’était.
En 2025, quelles sont les nouvelles d’Arterya et de Blood’up ? Ça va faire 5 ans qu’on existe. On a levé en tout plus de 2,5 millions. La commercialisation est prévue pour l’année prochaine. Les essais cliniques continuent : on attend les résultats avec le CHU de Caen. L’équipe compte 10 employés dont beaucoup de R&D.