Déficit commercial américain : un symptôme de puissance, pas de faiblesse
Publié le 28/05/2025
Déficit commercial américain : un symptôme de puissance, pas de faiblesse
Publié le 28/05/2025
Tribune de Nathalie Janson, professeure associée d’économie au sein du département Finance à NEOMA
Depuis le début de son second mandat, Donald Trump multiplie les annonces contradictoires sur les droits de douane. Tantôt appliqués, tantôt suspendus, ces sursauts protectionnistes entretiennent une illusion : celle d’un déficit commercial américain synonyme de déclin. Pourtant, cette lecture néglige une réalité plus complexe, intimement liée à la position dominante du dollar sur la scène mondiale.
Le dollar, pilier de la puissance américaine
Le dollar, depuis la fin des accords de Bretton Woods en 1971, a remplacé l’or comme étalon des échanges. Devenu la principale monnaie de réserve internationale, il irrigue les marchés financiers mondiaux. Pour satisfaire cette demande structurelle de dollars, les États-Unis doivent exporter leur monnaie – ce qui implique, en miroir, l’importation de biens, de services et d’actifs. Le déficit commercial n’est donc pas une anomalie, mais le reflet logique du rôle international de leur devise.
Des liquidités inégalées
Ce phénomène s’est accentué avec la financiarisation de l’économie depuis les années 1980. Les marchés américains – et notamment celui des bons du Trésor – offrent une profondeur et une liquidité inégalées. Ils attirent capitaux privés et publics du monde entier, renforçant la prééminence du dollar.
Le déficit commercial, moteur de croissance
Plutôt que de vouloir le réduire à coups de tarifs douaniers, ce déficit commercial devrait être reconnu pour ce qu’il est : un levier d’influence et un vecteur de croissance. Il soutient le pouvoir d’achat des ménages américains et finance l’innovation en attirant les start-up du monde entier. Vouloir le supprimer, ce serait renoncer à l’un des moteurs de la puissance économique américaine.