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3 questions à Sébastien Missoffe, directeur général de Google France

Début novembre, NEOMA recevait sur son campus de Rouen Sébastien Missoffe, Vice-président et directeur général de Google France depuis 2017. Autant dire que les étudiants étaient venus en nombre écouter ce patron d’un géant de la tech, membre des GAFA. De cet échange, nous avons retenu trois questions, trois idées.  

 

Beaucoup de jeunes perçoivent l’IA comme une menace pour l’emploi ou la créativité. Comment transformer cette crainte en opportunité ? 

Je comprends ces inquiétudes, mais je vois surtout un immense potentiel. L’IA, c’est avant tout un gain de productivité, comme l’ont été les ordinateurs dans les années 1980. À l’époque, certains métiers ont changé, mais beaucoup se sont réinventés. C’est la même dynamique aujourd’hui. 

 

Pour moi, pour mes enfants, pour beaucoup d’étudiants que je rencontre, ces outils sont des aides précieuses dans la vie quotidienne. Ils ne remplacent pas les rôles humains, ils les font évoluer.  Il faut donc s’approprier ces technologies, comprendre comment elles fonctionnent. Une fois qu’on les utilise, on réalise qu’elles ne sont pas une menace mais un levier. Les métiers les plus touchés nécessiteront un accompagnement, mais cela fait partie du progrès. 

 

J’ajouterais qu’il existe aussi un aspect culturel. En France, pays riche d’une longue histoire industrielle, nous avons parfois peur de perdre ce que nous avons bâti. En Californie, à l’inverse, chaque nouveauté est perçue comme une opportunité : “Je vais lancer un produit, trouver un nouvel usage, avancer.” C’est cet état d’esprit que j’aimerais encourager ici aussi. 

 

Parmi les avancées récentes en matière d’intelligence artificielle, laquelle vous semble aujourd’hui sous-estimée ? 

Je parle de moins en moins d’intelligence artificielle. Elle fait désormais partie de nos outils du quotidien, comme Internet — on ne se demande plus vraiment comment cela fonctionne, on l’utilise simplement. 

 

Parmi les outils que j’utilise le plus, il y a NotebookLM, un outil développé par Google. Il permet d’importer des textes très complets, d’en générer des résumés, de créer des présentations ou même des podcasts. Concrètement, je peux y déposer des centaines de fichiers PDF ou des dossiers complexes : l’outil m’en fait une synthèse audio que j’écoute le lendemain. C’est un gain de temps considérable. 

 

Comment Google s’assure-t-il que des outils comme Gemini ou AI Overviews ne deviennent pas des amplificateurs de désinformation ? 

C’est une question essentielle. Chez Google, nous travaillons depuis des années sur deux grands enjeux : éviter la création de bulles informationnelles et garantir la fiabilité des sources. Prenons un exemple simple : si vous recherchez la date de naissance de Napoléon, le moteur vous fournira une réponse unique et vérifiée. En revanche, si vous cherchez des informations sur une personnalité politique, comme le Premier ministre Sébastien Lecornu, vous verrez apparaître un carrousel présentant plusieurs sources — Ouest-France, Le Monde, Libération, L’Humanité, Valeurs actuelles, etc. Cette diversité est volontaire : elle permet à chacun de se forger sa propre opinion à partir de sources variées. 

 

Concernant Gemini, nous observons que les requêtes qui lui sont adressées diffèrent beaucoup de celles du moteur de recherche classique. Sur Gemini, les utilisateurs posent moins de questions d’actualité et davantage de questions liées à la productivité, à la créativité ou au développement personnel. Ils vont demander :  “Comment améliorer mon CV ?” ou “Comment savoir si je suis amoureux ?”. 

 

Quoi qu’il en soit, il est important de garder un esprit critique pour évaluer la fiabilité des informations produites par l’IA. 
 

Image retirée. 

 

UN MESSAGE :

« Nous vivons une période exceptionnelle de transformation. Soyons curieux, développons nos compétences techniques mais aussi notre empathie et notre compréhension du monde. Osons : dans le changement, il y a toujours une chance à saisir. »

3 CHIFFRES CLÉS : 

 

  • 2030 : objectif de 100 % d’énergie renouvelable pour les data centers de Google.
  • 6 milliards d’euros investis dans les énergies vertes.
  • Structure 70-20-10 : 70 % cœur de métier, 20 % innovation, 10 % projets expérimentaux — un équilibre qui nourrit la culture et les valeurs de Google.

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