Sur YouTube, l’IA nous permet de lutter contre les deep fakes
Publié le 11/03/2025
Sur YouTube, l’IA nous permet de lutter contre les deep fakes
Publié le 11/03/2025
Je viens de la production télé. Avant YouTube, un talent devait pitcher un producteur, qui lui-même devait trouver un diffuseur, avant d’espérer toucher un public. YouTube a révolutionné la vidéo et la musique en rapprochant le créateur de son audience. De manière générale, les réseaux sociaux et les sites d’hébergement de vidéos comme YouTube ont levé des barrières, provoquant un appel d’air extraordinaire à des talents en or qui n’avaient pas forcément les bonnes relations pour percer. Depuis quinze ans, l’écosystème a gagné en maturité. Les créateurs sur YouTube sont devenus des entrepreneurs, avec un modèle d’affaires pérenne. YouTube va fêter ses vingt ans l’an prochain – c’est très vieux pour le monde de la tech ! Nous sommes fiers de reverser plus de la moitié des revenus publicitaires aux détenteurs de chaînes, qui ont acquis leurs lettres de noblesse. Amazon Prime a même sorti une série documentaire sur Squeezie (ndlr : le premier YouTubeur de France). Et une nouvelle génération est en train d’émerger, avec des créateurs comme Océane ou Nixen. Par ailleurs, le smartphone a bouleversé les usages, c’est devenu le premier support d’utilisation de YouTube.
Le digital a transformé la temporalité de l’information. Nous recevons des quantités de données énormes de manière presque instantanée. Les étudiants d’aujourd’hui sont nés avec Google. Ils disposent d’outils formidables pour rapprocher les gens et les frontières. Bien sûr, il faut des garde-fous pour modérer les contenus. L’intelligence artificielle vient renforcer le besoin de lutter contre les fake news. La tech s’est déployée très vite. Il est essentiel que la régulation vienne encadrer tout ça.
Je pense qu’il y a un vrai besoin de régulation, ainsi que de modèles économiques clairs de partage de la valeur. YouTube s’est dotée d’une infrastructure très solide pour neutraliser les fake news et les contenus qui contreviennent à ses règles, parce qu’ils sont trop violents par exemple. Sur la question de la propriété intellectuelle, nous signons depuis plus de dix ans des accords avec les organismes comme la Sacem ou la SACD. Et le modèle est devenu pérenne grâce aux revenus que nous redistribuons. Depuis trois ans, YouTube publie d’ailleurs un rapport sur son impact économique et sociétal.
Il s’agit d’exploiter l’intelligence artificielle, et notamment l’IA générative, pour amplifier la créativité humaine. Cela passe d’abord par la lutte contre les deepfakes. Cette année, la moitié de l’humanité est appelée aux urnes. Il y a un risque accru de désinformation via ces faux contenus numériquement manipulés. Ces productions peuvent non seulement perturber l’opinion publique mais aussi propager des théories complotistes.
Face à cette menace, YouTube a instauré un système d’étiquetage dédié. Un label prévient l’utilisateur lorsqu’un contenu réaliste a été assisté par intelligence artificielle. Il est produit par auto-déclaration du créateur, ou détecté par notre infrastructure. L’objectif est de protéger l’utilisateur, de lui donner des gages sur ce qu’il voit et entend.
En parallèle de ces mesures défensives, YouTube encourage la création assistée par IA. Nous proposons notamment un outil de doublage automatique, Aloud, capable de traduire les pistes audio en 80 langues en adaptant la voix aux caractéristiques de celle du créateur original. Un autre outil innovant, Dream Screen, permet aux utilisateurs de générer des arrière-plans pour leurs Shorts (ndlr : vidéos courtes) à partir d’une simple description textuelle. Ces outils visent à réduire le délai entre l’idée initiale et sa concrétisation, facilitant ainsi le processus créatif.
Enfin, YouTube Studio, la plateforme de gestion en back-office, offre aux créateurs des informations précieuses sur les préférences de leur communauté, leur permettant ainsi de mieux cibler leurs contenus. Ils peuvent vérifier si un sujet, le yoga par exemple, va intéresser leur communauté, et affiner leur ligne éditoriale en fonction.
Vous avez commencé à aborder le problème des deep fakes, des vidéos mensongères ou complotistes. Que fait concrètement YouTube, qui a 2 milliards d’utilisateurs, pour contrer ce phénomène ?
La plateforme a mis en place des règles qui interdisent l’apologie de la violence, le racisme, tout appel à la haine ainsi que des politiques très strictes concernant les contenus de désinformation. Le non-respect de ces directives peut entraîner la suppression de contenus, voire la suspension de chaînes. Nous faisons appel à l’apprentissage automatique pour identifier et neutraliser les vidéos qui violent nos règles d’usage. À ce jour, l’IA parvient à filtrer automatiquement 90 % des contenus inappropriés, dont les deux tiers sont traités avant même que ces vidéos n’atteignent dix vues.
Un souvenir à partager sur NEOMA ?
J’ai fait partie de la promo 1999 de ce qui s’appelait Sup de Co Reims. J’ai intégré l’école après une année de médecine non concluante et revirement de dernière minute en BTS. J’ai un souvenir ému du week-end d’intégration à Port Barcarès (ndlr : près de Perpignan). J’ai été impressionnée par la diversité des profils et par l’esprit de corps impressionnant chez les étudiants de deuxième année. En troisième année, j’ai fait un échange de six mois à l’université de Belgrano en Argentine. J’ai décroché mon premier emploi chez Competeer, une société de e-learning, qui est devenue leader du secteur en Amérique Latine.
Propos recueillis par Thomas Lestavel pour le magazine des Alumni paru en juin 2024. Si vous souhaitez relire l’interview dans son intégralité, retrouvez tous les numéros sont ICI.