Manifeste Etudiant pour un réveil écologique
Publié le 12/06/2019
Manifeste Etudiant pour un réveil écologique
Publié le 12/06/2019
Signé par près de 30 000 étudiants de plus de 300 établissement différents, un manifeste pour un réveil écologique a suscité bon nombre de réactions. Conscients des enjeux climatiques majeurs qui se présentent aujourd’hui à nos sociétés, les porteurs de ce manifeste étudiant pointent l’insuffisance de l’engagement des États et des grandes organisations économiques face à ces défis.
Voyant approcher leur premier emploi, ces jeunes gens mesurent pleinement les contradictions impossibles qui leur seront demandées de surmonter. « À quoi cela rime-t-il de se déplacer à vélo, quand on travaille par ailleurs pour une entreprise dont l’activité contribue à l’accélération du changement climatique ? ».
Ce manifeste a rassemblé pas moins de 157 signataires de NEOMA Business School. 4 néomiens, réagissent à ce sujet et partagent leurs engagements sur le plan de l’écologie et leur position vis-à-vis de ce manifeste, qu’ils en soient signataires ou non.
Un point commun à tous ces jeunes gens émerge rapidement : l’écologie fait partie intégrante de leur quotidien. « Pour ma part, je fais très attention à l’eau » expose Cécile Coin, étudiante en 1ère année du Programme Grande Ecole.
« Je considère avoir un mode de vie simple » raconte Paul Berthier, Président de la Junior entreprise du campus Rémois de NEOMA « Je ne passe pas mes journées à changer ma garde-robe, et je prends soin d’user (parfois trop au gout de certains !) ce que j’achète ».
Des actions qui vont parfois jusqu’à une implication dans des associations. C’est le cas par exemple de Cyril Kleinman, responsable communication de Oikos, association promouvant le développement durable sur le campus de Reims.
La nécessité de porter toute forme d’action et la perception d’une urgence font consensus auprès des étudiants interrogés.
« Aujourd’hui, il y a urgence » ajoute Cyril, pas dupe de l’affichage et du greenwashing parfois pratiqué. « L’écologie doit être intégrée à chaque décision des politiques et des entreprises, Il ne faut pas se contenter de l’adoption d’un comportement de façade, de pseudos certificats…«
De cette injonction à l’action, découle pour certains la volonté de faire entendre leur voix et peser sur ce qui se joue actuellement « Nous, en tant qu’étudiants, tentons de saisir la parole qui ne nous est pas toujours donnée, pour choisir dans quel monde économique nous souhaitons évoluer » témoigne Ralia Bajwa, étudiante sur le campus de Paris.
Les étudiants interrogés sont conscients du rôle crucial qui pèse sur leur génération. En tant que futurs jeunes diplômés, ils se sentent investis et portent une forme de responsabilité à faire changer les choses. « Les gens de ma génération n’accepteront plus certaines choses au sein des entreprises et n’accepteront plus non plus de travailler pour n’importe qui. » affirme Cyril. « Il me semble que les Grandes Écoles sont justement là pour former les ingénieurs et les managers de demain. Et tout autant que la transformation digitale ; l’écologie est un aspect à prendre en compte, dans les choix stratégiques des entreprises et industries » renchérit Ralia.
Loin d’évacuer les difficultés inhérentes au changement qu’ils appellent de leurs vœux, ils partagent une vision complémentaire de la vie des entreprises et du rôle qu’ils pourront y jouer.
« Les petites entreprises, les StartsUp, peuvent bien plus facilement amorcer ces changements de Responsabilité Sociales et Environnementales. » affirme Paul, qui étaye son propos. « Elles sont plus souples, plus réactives, plus horizontales, plus libres. Qu’elles parviennent à surfer sur la vague de la RSE par conviction ou par intérêt, peu importe. Pour beaucoup leurs idées sont géniales. Dans les grandes entreprises, en revanche, en raison des processus, de la hiérarchie, du nombre d’acteurs, de parties prenantes, de lobbies, il est très difficile de tourner le volant ».
« Au-delà des objectifs professionnels qui nous sont attribués, on ne peut pas être deux personnes différentes de 8h à 18h et de 19h à 7h du matin. Ça n’a aucun sens à mes yeux. On ne peut pas trier ses déchets le soir et utiliser sans compter des gobelets en plastique à la machine à café en journée. Cette prise de responsabilité est propre à chaque personne et elle ne dépend pas de l’entreprise dans laquelle on travaille à mes yeux, c’est l’intention de l’entreprise qui est importante et sa capacité de progresser qui est intéressante. L’écologie, est avant tout une prise de conscience » déclare Ralia. Dont le propos est complété par Paul
Sur la question du boycott posée par le manifeste, qui appelle les futurs diplômés à priver de leurs talents et compétences les entreprises qui ne s’investiraient pas honnêtement pour un changement en faveur de la préservation de la planète, la position des Neomiens interrogés est très nuancée. A la question : Seriez-vous prêt à refuser un poste qui vous serait proposé au sein d’une entreprise qui n’est pas en adéquation avec vos valeurs ? leurs réponses ouvrent parfois la porte à une forme de compromis car l’arbitrage à rendre est hautement complexe et engagent. Cependant, tous restent intransigeants sur la nécessité d’une vision partagée de l’avenir qui doit s’inscrire vers quelque chose de plus durable.
« Ma position serait plutôt d’essayer de développer l’aspect environnemental au sein de l’entreprise qui m’embauchera » explique Cécile. Le propos diffère du tout au tout pour Cyril « A mon sens, on ne peut s’engager pleinement dans un travail que s’il est en accord avec ses valeurs. Travailler pour l’industrie du tabac serait par exemple impossible pour moi… » Pour Paul, le choix variera selon le curseur « Travailler pour Monsanto par exemple ? Pour moi, c’est hors de question. Après, travailler pour une entreprise qui ne ferait pas grand-chose sur le plan de la RSE, mais avec une belle opportunité, je pourrais peut-être saisir le poste ».
Pour Ralia, le paramètre des valeurs employeurs entrent dans les paramètres de calcul au moment du choix, « Mais de là à renoncer à un poste, c’est un peu trop extrême… »
Car, c’est bien en filigrane, la question du sens qui est posée. Une préoccupation d’autant plus prégnante qu’aujourd‘hui des notions telles que la réussite, l’accomplissement et l’épanouissement au travail voient leurs lignes bouger. Souhaite-t-on plus réussir dans la vie que réussir sa vie ? Pour Cyril « Ce qui m’apporte c’est de me sentir utile et d’apporter de la valeur ajoutée qui soit positive pour la société ». « Alors certes, ce n’est pas qu’une seule pétition qui va changer les choses » conclut Ralia.