Christophe Giolito, professeur de philosophie au Lycée Saint-Cyr et Xavier Enselme, professeur d’économie au Lycée Henri IV, tous deux intervenants dans les cours Humanités et Management lancé par NEOMA BS à la rentrée 2018, expliquent le rôle que peuvent jouer des disciplines comme l’économie et la philosophie dans le parcours professionnel futur d’étudiants en école de commerce.
Outre le fait de niveler les différences existantes entre classe préparatoire et année de pré-master en Ecole de commerce, le continuum mis en œuvre au sein de NEOMA BS consiste en un dispositif complet qui permet aux étudiants du Programme Grande Ecole de consacrer du temps aux Humanités. Co-élaboré entre professeurs de classes préparatoires et professeurs de NEOMA Business School, ce dispositif prend toute sa place dans la réponse apportée par l’école dans la formation de futurs managers agiles et bienveillants. Explications par Xavier Enselme et Christophe Giolito.
Selon vous, les étudiants sont-ils vraiment conscients de la nécessité de concilier le commerce et l'humain ?
Christophe GIOLITO : Globalement oui, et ils sont très demandeurs à ce sujet. Dans le cadre des cours Humanités et Management, les étudiants étaient en prise avec les sujets proposés. Ils devaient défendre une solution qui soit le produit de leur engagement et qui porte la trace de leur réflexion. Ils devaient mettre des outils de pensée au service d’un projet collectif. Cela impliquait également que d’un point de vue personnel, ils soient capables de justifier leurs choix et de les partager. Ce qui est tout à fait en phase avec le sens de la philosophie par ailleurs : former de futurs citoyens et leur donner les armes pour la réflexion politique mais aussi économique.
Xavier ENSELME : Je crois que la prise de conscience des étudiants dépend énormément de leur parcours. Ceux qui ont eu une expérience professionnelle, même minime, ont plus de facilités à faire le lien avec le cours et se montrent plus impliqués. En effet, ils se rendent compte que les questions abordées sont des questions auxquelles ils ont été confrontés.
En quoi les sciences humaines permettent de mieux exercer le rôle de manager ?
Christophe GIOLITO : Je crois que la force de la culture générale et de la philosophie, c’est de permettre un effort de généralisation et de communication de la pensée. La philosophie n’est pas différente d’un partage d’arguments dans un collectif ; en ce sens, elle ne représente pas de risque de se détacher du réel ou de l’action. En tant que manager, il faut bien comprendre qu’à chacune des objections qui nous est opposée correspond un intérêt. Le manager joue aujourd’hui le rôle essentiel de convaincre et de faire adopter un projet, c’est pourquoi le management est aujourd’hui exercé par le sens. On dirige une équipe parce qu’on partage la même valeur, le même projet. Et le meilleur moyen d’y arriver est la discussion, la délibération. Or ce sont autant de facultés que permet d’améliorer la pratique de la philosophie et de la culture générale. Au-delà de cela, il me semble même que le fait de définir des objectifs à son équipe revient à dispenser une vision du monde. Or la question du sens de l’existence et de la présence au monde sont philosophiques.
Xavier ENSELME : Je pense que les Sciences Humaines peuvent aider les étudiants à construire leurs jugements au sens de capacité à prendre une décision après avoir écouté les parties. Tout au long de leur vie professionnelle, ils vont devoir trancher, décider, entendre les arguments des uns et des autres. Il leur faudra écouter, respecter ce que dit l’autre, prendre note et peser l’argument. Une forme d’arbitrage en quelque sorte, puisqu’ils seront confrontés à plusieurs types de demandes, ils devront comprendre ces demandes, d’où elles sont issues, pourquoi, quelle est leur logique et leur légitimité. Car toutes les demandes ont une certaine légitimité. Et le moment venu, ils devront prendre une décision.
Il est important pour eux de comprendre que pour tout sujet abordé sur des questions de travail et d’organisation en entreprise, il y a plusieurs façons de voir les choses. Et c’est tout à fait à l’image de ce qui était fait dans le cours Humanité et Management avec le développement d’une thèse et d’une antithèse. Il leur a été demandé de prendre parti non pas avec leurs tripes, mais prendre parti après avoir argumenté.
Les conseils des Professeurs de Classes Préparatoires des Lycées Saint-Cyr et Henri IV aux étudiants qui souhaitent poursuivre leurs cursus en école de commerce
Les conseils de Christophe GIOLITO, professeur de philosophie au Lycée Saint-Cyr
Portez un regard critique sur les enseignements dispensés
Construisez votre propre démarche. Les enseignements ne sont pas une donnée mais un outil dont vous devez vous emparer pour le réélaborer.
Ne soyez pas “consommateur” dans votre démarche d’apprenant
Il s’agit de se soumettre à une formation pour y donner du sens, dans une démarche a postériori, et non pas d’emblée critique à l’égard des enseignements.
Ne vous laissez pas impressionner par le format original de certains cours !
Les conseils de Xavier ENSELME, professeur d'économie au Lycée Henry IV
Ayez une première expérience professionnelle
Même très courte, d’une semaine, un stage ou tout autre type d’immersion. Cela améliorera votre lecture du monde de l’entreprise, confirmera votre orientation et renforcera votre motivation.
Pour de larges perspectives professionnelles, choisissez une école de commerce
Aujourd’hui, on n’entre plus dans une école de commerce pour faire exclusivement de la comptabilité mais pour y recevoir une formation à l’encadrement et au management. Une fois diplômé, vous pourrez faire valoir votre diplôme dans de très larges filières qui pourront parfois même vous mener vers la recherche ou l’administration publique. Cette capacité à évoluer des écoles de commerce est très intéressante et cela renforce leur attractivité.