Le leadership et ses enjeux : les chercheurs partagent leurs expertises
Publié le 5/07/2024
Le leadership et ses enjeux : les chercheurs partagent leurs expertises
Publié le 5/07/2024
Du 10 au 12 avril 2024, le Pôle d’excellence The Future of Work de NEOMA a organisé sur le campus de Reims la seconde mini-conférence sur le Leadership et ses enjeux. Les projets présentés s’appuyaient sur une grande variété de théories du leadership (éthique, charismatique, inclusif, mais aussi leadership imprévisible, échange leader-membre, supervision abusive, etc.). Les intervenants ont abordé de multiples sujets, parmi lesquels les rumeurs au travail, la sélection des leaders, la créativité des employés, le financement entrepreneurial, la rhétorique des leaders, le feedback.
Les 15 présentations de recherche étaient modérées par deux conférenciers, la Pr Martyna Sliwa, de l’université de Durham et le Pr Anders Villadsen de l’université d’Aarhus, ainsi que par deux invités, la Dr Kimberley Breevaart (Université de Rotterdam) et le Dr Daniel May (Freie Universitat Berlin). Les présentateurs, originaires de 6 pays européens différents (Allemagne, Suisse, Belgique, Pays-Bas, Hongrie et France), ont partagé une grande variété de connaissances avec les participants.
Le Dr Sirio Lonati (NEOMA) a animé un atelier méthodologique. Il a présenté les bonnes pratiques de restitution des analyses méthodologiques et d’interprétation des résultats.
Une session « enjeux et conseils » a permis aux participants de partager les questions relatives aux recherches qu’ils mènent actuellement, et de s’entraider pour y apporter une réponse. Une discussion très intéressante a porté sur la nature des collaborations universitaires, au cours de laquelle les chercheurs seniors et juniors ont échangé sur leurs expériences et leurs bonnes pratiques.
Les travaux présentés ont insisté sur le fait que les entreprises et leurs leaders sont confrontés à de multiples enjeux ayant trait aux évolutions sociétales (diversité accrue, mondialisation) et technologiques (évolution technologique, interconnectivité).
« Désormais, les leaders doivent prendre en considération certaines questions telles que l’inclusion, la mésinformation ou l’intelligence artificielle, et se positionner vis-à-vis de celles-ci. Ils ont besoin d’être bien équipés pour relever ces défis. C’est pourquoi nous avons souhaité insister sur le rôle de l’adaptation et de l’efficacité des formations pendant la conférence. En même temps, des problématiques bien connues continuent de se poser. Par exemple, comment les leaders peuvent-ils préserver leur bien-être et celui des autres, tout en étant confrontés aux évolutions en cours et à la complexité ? Et comment les entreprises et leurs membres peuvent-ils limiter l’influence des leaders destructifs ? », se demandent Urszula Lagowska et Birgit Schyns (NEOMA), organisatrices de la conférence.
L’intervention de la Pr Martyna Sliwa (Université de Durham) contenait de nombreuses références aux difficultés que rencontrent les organisations modernes pour parvenir à mettre en œuvre l’inclusion. L’une des raisons est liée au fait que les fonctions DEI (Diversité, Égalité et Inclusion) sont cloisonnées (en affectant un poste DEI ou de responsable chargé de la diversité), et que les personnes occupant ces postes n’ont que peu de pouvoir.
Autre raison, les leaders des entreprises manquent de formation adéquate sur l’inclusion, à savoir basée sur la recherche existante et récente.
Enfin, certaines personnes affichent de la réticence à l’encontre des actions menées par l’équipe DEI de l’entreprise, en affirmant que ces actions sont discriminatoires, inutiles ou purement performatives. Le Pr Sliwa a expliqué comment on pouvait répondre à ces critiques qui souvent, ne s’appuient pas sur des faits. Elle a conseillé de ne pas ignorer les voix menaçantes qui pourraient affaiblir les membres des groupes minoritaires, par exemple en induisant des changements dans la législation qui les protège actuellement. Elle a également souligné l’importance d’un dialogue calme avec les personnes critiques afin que le progrès en matière d’inclusion soit préservé et renforcé.
Pour le Pr Anders Villadsen (Université d’Aarhus), les professionnels doivent impérativement comprendre que les contextes* jouent un rôle crucial pour les managers (*c.à.d. : type de l’organisation dans laquelle travaillent les managers, les personnes qu’ils dirigent ou les changements sociaux en cours).
Afin d’obtenir de bons résultats, ils doivent adapter les théories du leadership au contexte dans lequel ils interviennent. Voilà pourquoi les managers ont tendance à se comporter différemment en fonction de ces facteurs contextuels, comme le niveau de diversité dans leur équipe ou leur ancienneté dans un poste managérial. Pour combler le fossé entre la théorie et la pratique, les chercheurs doivent intégrer davantage de nuances contextuelles dans leurs travaux.
Autre point important, malgré les nouveaux enjeux auxquels sont confrontés les managers (technologie, mondialisation, changement climatique), leur rôle fondamental ne change pas, à savoir prendre des décisions, et soutenir et aider les autres ; toutefois, ils ont besoin d’apprendre comment évoluer constamment et s’adapter à ces enjeux.
Les travaux présentés ont apporté de nombreux conseils pratiques aux managers sur différents aspects : comment influencer les autres par la parole, quand punir une personne qui répand des rumeurs sur quelqu’un, comment les comportements bien intentionnés peuvent limiter la créativité de l’équipe, ou comment utiliser ses compétences politiques pour devenir leader.
Les interventions contenaient aussi des idées sur la manière de limiter l’influence préjudiciable des leaders imprévisibles dans les organisations en reconnaissant et en qualifiant leurs comportements destructeurs, ou encore sur le rôle positif de la formation au leadership inclusif pour le bien-être managérial.