Jean-Marc Gallot, PDG de Veuve Clicquot Ponsardin : « Ecoutez votre intuition ! »
Publié le 8/06/2022
Jean-Marc Gallot, PDG de Veuve Clicquot Ponsardin : « Ecoutez votre intuition ! »
Publié le 8/06/2022
Depuis trois ans, les conférences Humanités de NEOMA sont l’occasion pour les étudiants d’être sensibilisés aux responsabilités futures qui seront bientôt les leurs et d’échanger avec de grands dirigeants. En novembre dernier, c’est Jean-Marc Gallot, Président-directeur général de champagne Veuve Clicquot, lui-même diplômé de l’Ecole (Programme Grande Ecole 88), qui a répondu aux questions des étudiants rémois. Passionnant !
Si vous aviez quatre mots pour définir votre parcours, quels seraient-ils ?
Je dirais d’abord « la chance » qui peut se matérialiser par un stage ou une rencontre. Je dirais ensuite « l’instinct » : alors que je travaillais chez Cartier, et que tout brillait, j’ai décidé de rejoindre l’entreprise Christofle qui était alors proche du dépôt de bilan. Je les ai rejoints parce que je voulais me challenger. Je voulais me prouver que je pouvais avoir un impact sur le résultat de l’entreprise. Je ne l’ai jamais regretté.
Mon troisième mot serait le mot « mentor » : choisissez votre patron ! Votre manager est beaucoup plus important que votre poste. La personne avec qui vous allez travailler va vous nourrir, vous inspirer, vous donner de l’élan. C’est essentiel. Enfin, je dirais « agilité ». J’ai accepté de partir aux Etats-Unis, et de quitter une situation confortable pour me remettre en question, affronter de nouveaux challenges. Etre agile permet de créer des opportunités.
A propos de votre expérience aux Etats-Unis : l’international est-il un passage obligé pour devenir PDG ?
Non, ce n’est pas indispensable. Mais mon passage à l’international a été une manière de changer de perspective, de me remettre en question, et d’apprendre au contact d’autres cultures. Je ne serais pas le même aujourd’hui si je n’avais pas passé sept années extraordinaires aux Etats-Unis. La vision que j’ai aujourd’hui de la performance et de l’efficacité est directement inspirée de mon expérience Nord-Américaine. On connait tous l’expression américaine « straight to the point », mais on ne l’applique pas tous de la même manière.
Je suis très attaché à cette exigence d’efficacité exacerbée et cela se retrouve dans mes pratiques managériales. Chez Veuve Clicquot, par exemple, nous privilégions les réunions courtes, de 45 minutes, qui nous obligent à aller à l’essentiel. C’est très stimulant.
Veuve Clicquot croit beaucoup en l’égalité femmes-hommes, à l’image du programme de bourses en faveur de dix étudiantes de NEOMA que votre entreprise finance. Plus précisément, votre maison de champagne met à l’honneur les femmes dans l’entrepreneuriat. Pourquoi s’engager dans cette cause ?
Parce que l’esprit de Madame Clicquot est présent dans le « heart & soul » de la maison. Tout ce que l’on fait aujourd’hui chez Veuve Clicquot est inspiré par cet hommage à la femme décidée et charismatique qu’elle a été tout au long de sa vie. Elle a été la première grande cheffe d’entreprise, à une époque où il était presque impossible pour une femme de diriger une organisation. Même juridiquement, il fallait être veuve !
Aujourd’hui, nous voulons prolonger cet héritage, en mettant à l’honneur des femmes inspirantes, à la tête d’entreprises, dans tous les secteurs. Un sondage montre que 93 % des femmes qui veulent entreprendre ont besoin de modèle. Mais seulement 14% d’entre elles sont capables de citer le nom d’une femme entrepreneure.
Au sein de la maison Veuve Clicquot, quelle est la place des femmes ?
Aujourd’hui, notre comité de direction compte 3 femmes et 5 hommes. Contre 1 femme et 7 hommes quand je suis arrivé. Et nous avons 60 % des cadres qui sont des femmes. Je pense que les quotas peuvent être une bonne idée quand on vient de très loin et qu’il faut impulser un changement profond. Je ne serais pas opposé, par exemple, à féminiser davantage les écoles d’ingénieurs, qui sont aujourd’hui « remplies d’hommes ». La technologie et les algorithmes sont en train de façonner le monde de demain, ne faudrait-il pas que davantage de femmes participent à cela ?
Vous revenez à NEOMA dans l’école qui vous a formé. Qu’avez-vous retenu de ces années ?
D’abord, je voudrais dire que j’ai un plaisir immense à revenir dans mon Ecole. De NEOMA, je retiens des rencontres et des amis pour la vie. Je retiens aussi l’esprit de l’Ecole qui nous amenait à être des personnes plus réfléchies, plus mures, capables d’intégrer une entreprise en étant quelqu’un sur qui on peut compter. C’est la marque de fabrique de NEOMA, former des personnes responsables, dans tous les sens du terme responsabilité. Je retiens aussi le temps que nous avons passé à travailler en groupe. Nous n’étions jamais seuls.
Après deux ans de prépa, j’ai découvert que l’interaction était fondamentale pour réussir en entreprise, et qu’on gagnait énormément à se confronter à des points de vue différents du sien. Je vous conseille d’avoir à NEOMA des groupes de travail aussi hétérogènes que possible, cela permet d’apprendre plus vite et mieux, et pour la suite de votre vie professionnelle je vous conseille de rejoindre des équipes tout aussi hétérogènes qui vous permettront de créer de belles visions.
Quels conseils souhaiteriez-vous donner aux étudiants ?
Croyez en votre bonne étoile, portez une grande attention à votre intuition, faîtes des stages pour savoir ce que vous voulez faire mais aussi ne pas faire. Et quoi qu’il arrive, respectez l’autre !
Cléophée : « J’ai retenu que tout est possible à NEOMA ! »
Eloïse :« Je l’ai trouvé très inspirant ! C’est encourageant de voir comme certaines entreprises soutiennent les femmes et valorisent leur ambition. Je trouve aussi très motivant d’écouter des grands alumni passés par NEOMA. Ces trajectoires professionnelles impressionnantes, ça nous booste ! »