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Le Monde de NEOMA

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Dans le cadre du cycle de conférences dédiées aux Humanités, impulsé par Michel-Edouard Leclerc, Président de NEOMA Business School, les étudiants bénéficient d’une série de conférences animées par des personnalités de premier plan. Le but de ces conférences ? Débattre avec des spécialistes, des grands sujets qui traversent nos sociétés et sensibiliser les étudiants à leurs futures responsabilités. Le dernier invité à s’exprimer était Jean-François Julliard, le Directeur Général de l’ONG Greenpeace France.

Dans l’auditorium du campus de Rouen, des étudiants mais également des collégiens et lycéens bénéficiant du dispositif d’égalité des chances “Cordées de la Réussite”, sont venus assister en nombre à cette prise de parole attendue.

« NEOMA souhaite aller plus loin dans les questionnements que nous nous posons tous, et face aux consciences qui s’éveillent, nous souhaitons encourager le passage à l’action » expose Delphine Manceau, Directrice Générale de NEOMA dans son introduction, avant de laisser la parole à Jean-François Julliard.

« J’ai toujours voulu exercer un métier utile et engagé. »

Le DG de Greenpeace France évoque tout d’abord son parcours et les racines de son engagement. « J’ai toujours voulu exercer un métier utile et engagé. » indique-t-il. Bordelais d’origine et amateur de plongée sous-marine, il réalise très jeune que les fonds marins souffrent.

Après des études de cinéma et de journalisme, il intègre Reporters sans Frontières, en tant qu’objecteur de consciences, avant de rejoindre Greenpeace.

Le Directeur général de l’ONG évoque ensuite le fonctionnement de l’association. « Notre action repose sur un socle de valeurs très fortes. Nous jouissons d’une totale indépendance politique et financière car nous nous appuyons à 100% sur des dons privés. Cela nous donne une force incroyable, mais cela nous demande également beaucoup de travail sur le plan de la levée de fonds, pour poursuivre notre engagement ». Jean-François Julliard souligne également l’importance de l’action non-violente pour Greenpeace.

Faire rimer transition écologique et action sociale

conf greenpeace jfjAujourd’hui, Greenpeace France concentre son action sur quelques axes prioritaires tels que la protection des océans, la lutte contre la déforestation et la promotion de nouveaux modèles agricoles et d’alimentation. « Mais notre priorité absolue est d’inventer un monde sans énergies fossiles » déclare Jean-François Julliard. « Pour cela, Greenpeace essaye d’être une organisation qui articule les dimensions sociales et écologiques ». Aussi l’ONG ne porte pas de mesures qui seraient favorables à une dimension mais défavorable à l’autre. « Cela nous conduit à nouer des alliances inédites avec d’autres associations écologiques mais également des syndicats. » explique son Directeur général.

« Greenpeace est une organisation politique mais pas partisane »

Questionné sur le positionnement de Greenpeace vis-à-vis des sphères politiques et économiques, Jean-François Julliard répond sans ambiguïtés.
« Greenpeace n’est pas une organisation partisane. Nous ne prenons pas position en faveur de tel parti et nous ne donnons pas de consignes de vote. En revanche, Greenpeace est une organisation éminemment politique” précise-t-il.

Les citoyens ne peuvent pas régler seuls le problème du changement climatique. De telles questions se résolvent au niveau politique et il est de notre devoir de mener un dialogue avec le gouvernement. Avec lui, nous menons un véritable travail d’accompagnement de la cause écologique. Nous tenons un rôle de conseil et nous donnons notre avis sur les propositions de loi lorsque nous sommes consultés. »

Interrogé sur la position de Greenpeace France vis-à-vis des entreprises, le DG de l’association expose le parti-pris de l’ONG « Nous ne pouvons pas nous positionner en tant qu’agence de conseil aux entreprises. C’est à l’entreprise de choisir son cabinet de conseil. Il y en a beaucoup et de très bons. »

Un optimisme de l’action qui impose d’être porteur de solutions

L’ONG porte une demande de changement systémique. « Nous devons tous changer de mode de vie, de modèle écologique et de mode de consommation. Je comprends que cela puisse être une source d’inquiétude » concède Jean-François Julliard.

conf greenpeace table
« Dans une période où l’on sent monter l’éco-anxiété et la collapsologie ; nous essayons plutôt de nous laisser guider par une forme d’optimisme. Non pas sur la situation actuelle mais sur le potentiel de notre action, sans béatitude ou naïveté. Nous sommes lucides : jamais les écosystèmes n’ont été aussi en danger. Mais il est encore temps d’agir pour lutter contre changement climatique et les extinctions de masse. La barre des 1,5 degrés sera difficile à tenir mais chaque dixième de degré gagné change TOUT. »

Ce constat impose à l’association une forme de responsabilité dans son discours qui doit dépasser la simple accusation. « Bien sûr qu’on dénonce encore ! » s’exclame Jean-François Julliard, « Mais, avant tout, nous avançons des solutions ! »

Des conseils pratiques aux étudiants

L’auditoire nourrissait également une forte attente de conseils de la part du DG de Greenpeace. « C'est difficile de vous donner des conseils » avoue Jean-François Julliard. « Votre génération est certainement la plus consciente des enjeux climatiques, et c’est celle qui va essayer de réformer le système de l’intérieur. Vous allez intégrer des entreprises qui vont devoir travailler différemment. Il faudra inventer d’autre choses. Vous devrez gérer des injonctions contradictoires : il faudra avoir la capacité de les affronter sans avoir peur.”

Le Directeur général de Greenpeace France a tout de même proposé quelques pistes pour améliorer l’empreinte carbone de chacun. « En tant qu’étudiant, il est intéressant de se poser la question du choix de sa banque et de son fournisseur d’énergie. Montrez-vous également vigilants sur vos choix de moyens de transport et d’habillement. Ensuite, si vous voulez réduire de 10% vos émissions de gaz à effet de serre, c’est à votre consommation de viande qu’il va falloir vous intéresser ! Au-delà de la cause animale, devenir végétarien a un réel impact positif sur l’environnement. Sauter le pas est une question d’envie et de motivation” annonce-t-il.
A titre personnel, j’ai aussi participé à une expérience que je recommande à tous : le défi « Rien de neuf » qui consiste à ne rien acheter de neuf pendant un an. C’est un exercice très intéressant qui pose la question de sa consommation et impose de se tourner vers d’autres alternatives”.

conf greenpeace question
Les échanges entre les étudiants et Jean-François Julliard se sont poursuivis et ont donné l’occasion d’aborder un très large éventail de sujets. De nombreuses questions soulevaient l’extrême difficulté de mener une action écologique, qui impose très souvent de faire face à des injonctions contradictoires.