Food #3 : la RSE en cuisine
Publié le 15/11/2021
Food #3 : la RSE en cuisine
Publié le 15/11/2021
La cuisine, sujet universel, est un formidable levier d’intégration. Deux diplômés de NEOMA, Louis Jacquot et Sébastien Prunier (PGE 2011), ont ainsi donné du sens à leur entreprise, Les Cuistots migrateurs. Bel exemple de RSE dans la food.
Monter une boîte, oui. Mais pas uniquement pour gagner de l’argent. Louis Jacquot et Sébastien Prunier (PGE 2011 tous les deux) voulaient aussi donner du sens à leur entreprise. « Qu’elle apporte quelque chose de positif, c’était un préalable au projet », souligne le premier. Objectif atteint. Depuis 2015, les deux diplômés sont à la tête des Cuistots migrateurs, traiteur événementiel. Dans leur cuisine de Montreuil? Des réfugiés statutaires, des personnes menacées dans leur pays, qui ont obtenu un droit d’asile et un permis de travail. Des gens qui ont été parfois chauffeurs, victimes d’esclavage, militaires, rarement cuisiniers, « mais qui ont une énorme passion pour la cuisine et qui ont envie de partager leurs recettes », explique Louis Jacquot.
C’est la crise migratoire des années 2015 qui déclenche cette idée. Louis et Sébastien veulent montrer que ces femmes et ces hommes qui arrivent de loin ont des choses positives à apporter. « La cuisine c’est universel, c’est super positif, on a tous envie de manger de bons plats, de goûter de nouvelles recettes ». Grâce à leur présence, les Cuistots migrateurs peuvent valoriser « une cuisine du monde riche, authentique, qualitative », comme le voulaient les deux entrepreneurs. Car leur idée est aussi celle-là : renouveler l’offre de restauration « cuisine du monde ». Et trouver un juste milieu entre la food qui a fini par se standardiser jusqu’à la caricature, et celle qui reste réservée aux cercles communautaires.
Proposer des contrats pérennes aux réfugiés
Louis et Sébastien font donc de la cuisine un levier d’intégration. Mais pour que l’impact soit positif, il faut proposer aux réfugiés statutaires des CDD, des CDI. Et non pas transformer les Cuistots en plateforme d’autoentrepreneurs. « Ce sont des gens qui n’ont pas envie de minimas sociaux, qui veulent une situation stable, qui veulent travailler et gagner de l’argent ». Alors que tout le monde leur prédit des galères, parce que les migrants venus de Syrie, du Népal, d’Iran… ont beaucoup souffert, les deux entrepreneurs découvrent « des gens ultra motivés et pleins d’énergie ». Seul hic : le niveau de français. « Au début, nous avons embauché Tarek, il ne parlait pas du tout notre langue, c’était un super pari, mais ça a été très dur ! ». D’autant plus que la cuisine est une affaire de brigade.
Qu’à cela ne tienne. Pourquoi ne pas créer une école de cuisine qui mixe cours de français et cours de cuisine ? Elle ouvre en décembre 2020 sous le statut d’association. Gratuite et diplômante. « Elle nous aide à élargir notre mission sociale : les migrants sont formés et trouvent du travail. Quasi 100% de nos apprentis ont décroché un CDI à la sortie ». L’école aide aussi l’entreprise à trouver de nouveaux cuisiniers. « En grandissant, nous avons de plus en plus besoin de personnels expérimentés, et nous avons beaucoup de mal à recruter comme tout le secteur de la restauration ».
Entreprise/ association : bon modèle pour la RSE
Les Cuistots migrateurs, c’est donc une entreprise et une association. « Ce double modèle est à considérer, il me paraît être un schéma social hyper intéressant, suggère Louis Jacquot. Il est de plus en plus répandu dans l’économie sociale et solidaire. Il peut y avoir un partage de savoir-faire, un partage des revenus de l’entreprise vers l’association, un moyen de recruter. Et ça permet d’élargir l’impact social ». La cuisine, sujet universel, devient alors le parfait vecteur d’intégration.
Retrouvez tous les articles de notre série « Entreprendre dans la Food »
Entreprendre dans la Food #1 : la révolution française – NEOMA (neoma-bs.fr)
Entreprendre dans la Food #2 : retour d’expérience – NEOMA (neoma-bs.fr)