Entreprendre dans le digital #1 : « A NEOMA, j’ai appris à être un vrai entrepreneur »
Publié le 28/06/2022
Entreprendre dans le digital #1 : « A NEOMA, j’ai appris à être un vrai entrepreneur »
Publié le 28/06/2022
Vestiaire Collective est entrée en 2021 dans le cercle très fermé des Licornes françaises. La startup a en effet levé 178 millions d’euros auprès du groupe Kering. Depuis sa création en 2009, l’entreprise spécialisée de la vente de vêtements et accessoires de luxe d’occasion est un modèle de croissance. A sa tête, une diplômée de NEOMA, Fanny Moizant (PGE 01). Interview.
En 2021, vous êtes devenue la 11e licorne française. Aujourd’hui, quel est votre sentiment face à ce succès, et face au chemin parcouru depuis 11 ans ?
D’abord beaucoup de fierté. Le statut de licorne a été une vraie étape émotionnelle. Comme une validation du chemin accompli jusqu’à ce jour. Cependant il est rare que je regarde en arrière, la route est encore tellement longue que passée la semaine des annonces à la presse, je suis déjà dans un mindset différent. Celui de travailler sur nos prochains challenges.
Si l’on revient sur votre parcours, comment est née l’idée de Vestiaire Collective ?
Vestiaire Collective est né du constat que l’industrie de la mode avait été bouleversée par la « Fast fashion » et était devenue la seconde industrie la plus polluante au monde. D’un point de vue consommateur c’était la course effrénée à la nouveauté. Le résultat? Des placards pleins à craquer et un gâchis monumental. Avec mes cofondateurs, nous avons voulu trouver une solution durable pour transformer notre industrie.
Quels sont les moments où vous avez eu de l’audace, du flair ; les moments où vous avez fait des erreurs. Et comment vous avez réagi ?
L’audace et le flair ont toujours été présents chez Vestiaire. Notre vision est la même depuis 12 ans et aujourd’hui nous prouvons qu’elle était très juste et novatrice pour l’époque. Cela ne nous a pas empêché de faire des erreurs tout au long de cette belle aventure. Par exemple ne pas assez anticiper la nature globale de notre business en se lançant avec une plateforme et un nom français. Nous avons cependant très vite rectifié cette erreur et nous avons accéléré notre déploiement à l’international en quelques mois seulement. Aujourd’hui nous réalisons plus de 80% du business en dehors de France. Les erreurs sont aussi des moteurs qui font parfois avancer encore plus vite.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans une entreprise du digital ?
Soyez passionné et sachez vous entourer de personnes qui ont des compétences différentes et complémentaires des vôtres. Ça parait simple et évident mais si vous avez ces deux éléments pour vous, une grosse partie est déjà presque gagnée.
Quels sont vos projets de développement ? Je crois que vous voulez accélérer l’innovation technologique, déployer l’intelligence artificielle, recruter des techniciens et des développeurs…
Oui, nous sommes une Fashion Tech et nous avons beaucoup de travail à améliorer constamment l’expérience client en utilisant notamment l’intelligence artificielle pour nous permettre de scaller plus vite. Par exemple pour traiter au plus vite les milliers de produits déposés par nos vendeurs sur la plateforme quotidiennement ou encore pour personnaliser les recommandations pour les acheteurs. Nous avons aussi beaucoup de travail sur les sujets que sont la partie communautaire et la partie « Sustainability ». Ici nous réfléchissons plus en terme d’innovation. Ou comment proposer des fonctionnalités totalement inédites et très engageantes pour notre communauté.
Quel regard portez-vous sur l’industrie de la mode, ses récentes évolutions, et ce qui se dessine. Vous avez envie de faire entrer la mode dans l’économie circulaire : est-ce simple ?
La mode est en pleine mutation. Comme beaucoup d’autres secteurs d’ailleurs et ceci au regard de la crise écologique que nous vivons. Nous n’avons pas d’autre choix que de changer nos façons de produire, de distribuer, de consommer et de recycler. C’est urgent de pouvoir offrir des solutions durables.
Après 12 ans de lobbying et de jeu d’influence, je suis heureuse de voir que les marques sont enthousiastes à l’idée de collaborer avec nous et de proposer à leurs clients d’entrer dans l’économie circulaire en vendant les pièces qu’ils ne portent plus.
Notre vision est de transformer cette industrie. Nous nous y attelons chaque jour davantage et j’ai bon espoir que les 10 prochaines années soient le berceau d’un mouvement de fond qui aura la circularité comme modèle intrinsèque.
Quels sont vos projets pour les marchés asiatique et américain ?
L’Asie est un marché en plein essor pour nous. Après HK, Singapour et l’Australie nous allons ouvrir en fin d’année la Corée. Historiquement l’Asie est un peu plus en retard que l’Europe ou les Etats-Unis sur la « seconde main » mais les choses vont tellement vite ici que ce ne sera plus le cas d’ici quelques années à peine.
Les Etats-Unis sont aussi un gros marché qui croit vite. Nous y solidifions nos équipes et regardons de potentielles opportunités de M&A
Ce que vous avez retenu de vos années à NEOMA. Les outils, les clés, les savoir… appris à l’Ecole qui vous ont servi dans le développement de Vestiaire Collective.
A NEOMA, j’ai appris à être un vrai entrepreneur. Choisir, se passionner, prendre des décisions, créer des équipes, leader. Autant de choses que j’ai apprises au travers de la formation mais aussi de la vie en communauté. J’ai été élue au BDE Midnight Excess avec une équipe incroyable. L’année de campagne vaut toutes les formations du monde en terme d’entreprenariat. Je la conseille à tout le monde.